Je suis de Tamalous. C’était un petit village. Aujourd’hui il y a
50 000 habitants. On y retourne presque tous les ans. Je voyais des gens revenir bien fringués. Un gosse qui n’est jamais sorti, il se dit qu’en France, il y a tout ce qu’il te faut. Je suis parti en 1968,
j’avais 20 ans. Ici, il fallait travailler du matin jusqu’au soir. Je
n’avais pas l’habitude ; ça a été dur. Tout faire tout seul : ses courses, cuisiner, travailler. Au bout d’un mois, je voulais repartir, mais je n’avais pas d’argent pour le voyage. Personne n’a voulu m’en prêter. En 1968, j’ai vu pour la première fois ce qu’était la grève. On se cachait pour aller travailler. Je me suis marié. J’ai eu quatre enfants. Ils sont judokas, comme moi. Nous sommes tous ceinture noire. Je n’ai pas de regret. Nous sommes assez fiers de nos enfants. Ils ont de bonnes situations.
Ahmed
Nordine, Babeth, Ahmed, Swanie & Lina